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Histoire et patrimoine de la ville

Sur les bords du Thouet, qui prend sa source à 20 km au nord-est du marais poitevin dans le département des Deux-Sèvres, la ville de Montreuil-Bellay, site historique riche et complexe est le résultat d’un long travail de stratification et de transformation lié à l’occupation humaine progressive de ce site.

Située au carrefour de l’Anjou, de la Touraine et du Poitou, elle devient dès le Moyen Age un enjeu pour les puissances féodales rivales. Après avoir alimenté les moulins, le Thouet en devenant navigable jusqu’à Montreuil-Bellay, accentue le rôle incontournable de la ville dans le négoce de la région.

Les organisations ecclésiastiques, administratives seront influencées, elles-aussi par cette situation stratégique. Ces atouts favoriseront l’émergence de Montreuil-Bellay comme un centre administratif et commercial jusqu’au XVIIIème siècle qui verra la prédominance de Saumur s’affirmer par sa nomination en tant que Sous-Préfecture par la jeune République.

Les quartiers de Saint Eloi, de Rasibus et de l’Ardenne seraient les lieux d’un premier peuplement antérieur à l’an mille à l’emplacement des premières traces d’agglomération, encore modeste, avec un habitat troglodytique et de modestes masures.

Au pied de l’actuel château, au débouché du gué permettant la liaison en direction d’Angers par l’actuelle rue Chèvre, se serait développé le premier noyau urbain. C’est d’ailleurs sur ce site, à la rencontre des axes, que s’édifie la première église, Saint Pierre.

Dans la première moitié du XIème siècle (vers 1025), pour surveiller ce passage et sans doute en assurer le contrôle Foulques Nerra construit sur l’escarpement surplombant le gué un donjon fortifié.

La création de cette forteresse va modifier les conditions d’occupation du site. La ville basse continue son essor : l’église paroissiale est reconstruite. La veuve de Berlay II, second seigneur du lieu, « par la grâce » de Foulques Nerra, fonde le prieuré des Nobis jouxtant cette église.

Mais déjà le centre de gravité se déplace et gagne le sommet du coteau, à proximité immédiate du château. Le donjon s’entoure alors de trois enceintes attestées par archives, jusqu’à la première moitié du XIIème siècle.

L’enceinte extérieure, en terre, maintenue par deux parements externes est de forme elliptique et enveloppe la forteresse elle-même.

Si l’axe majeur reste toujours la route du bas, une nouvelle voie bifurque sans doute depuis Saint Hilaire Le Doyen pour rejoindre le village d’en haut et franchir l’enceinte par une porte localisée face à la courtine. Sur l’autre rive, un axe parallèle au Thouet, passant au pied du château de la Salle, rejoint le gué. A cet endroit, le faubourg d’outre pont commence son développement alors sous forme vraisemblable d’habitat troglodytique.

A l’époque de la reconstruction du château, ruiné lors de la conquête de la place en 1151 par Geoffroi Plantagenêt, le village d’en haut est sorti des limites étroites de l’ancienne muraille et s’est étendu plus au sud, englobant les terrains aplanis par l’assaillant et pérennisant le marché institué là par celui-ci. Sur ce lieu se créent alors les échoppes et maisons à colombage dont certaines subsistent encore aujourd’hui.

Au début du XIIIème siècle, la famille des vicomtes de Melun (1212) décide d’enfermer ces quartiers à l’intérieur de nouveaux remparts et d’élargir à l’occasion le territoire de la ville. Une grande partie du tracé de l’enceinte actuelle date probablement de cette époque.

Celle-ci sera complétée et remaniée au cours des XIVème et XVème siècles, notamment par Guillaume IV puis par les héritiers, les d’Harcourt (1415).

De cette période datent les quatre portes monumentales. A l’ancien axe en bordure du Thouet s’est substitué un nouvel axe qui traverse la nouvelle ville d’Est en Ouest de la porte Nouvelle à la porte près de l’Hôtel Dieu, de l’ordre hospitalier de Saint Jean, dont elle emprunte le nom.

La nouvelle enceinte englobe l’ancien village de la première enceinte et la place du marché à la curieuse forme oblongue. Mais elle augmente le territoire de la ville close et juxtapose à ces anciens quartiers un urbanisme plus volontaire et plus régulier avec des rues se coupant à angle droit. Cette nouvelle distribution spatiale permet le développement coté sud de nombreux établissements religieux, alors que l’habitat civil reste groupé dans le prolongement du château et la place du marché.

Sur l’axe est-ouest se répartissent ainsi : Saint Laurent, Saint Christophe, Saint Thomas, les Grands Augustins et l’Hôtel Dieu.

Une ligne de ponts vient doubler et remplacer l’ancien gué, mais construite sur un sol trop meuble, elle ne cessera de créer des inquiétudes.

Au XVIIIème siècle, la ville est le chef-lieu d’une importante Election, le deuxième d’Anjou, contrôlant des paroisses jusqu’au delà de Cholet.

Géographiquement, elle est aussi le premier port d’embarquement des denrées provenant de l’Aquitaine et des Charentes en direction des provinces du nord de la Loire.

A cette période de développement et de prospérité correspond la construction de beaux hôtels et demeures pour les commerçants et les notables administratifs. C’est aussi à cette époque que se développent les quartiers de faubourg au nord de la rivière et à proximité des quais.

Le premier empire voit l’effondrement définitif du vieux pont et son remplacement par le nouveau pont, plus en aval et dont la réalisation va bouleverser les conditions de desserte de la cité. L’antique cheminement qui, depuis Saumur, longeait la rive droite tombe en désuétude. Les nouvelles routes stratégiques desservent maintenant la ville par la rive gauche du Thouet. Le pont lui-même est relié à la ville ancienne par une importante percée qui éventre la muraille et rejoint la rue principale au niveau de la place Toussenel.

En 1841, une nouvelle route de Doué est percée dans le prolongement du pont et de la rampe d’accès à la place. La rue principale est élargie et son appellation suit les changements de régime : Impériale, puis Royale pour devenir Nationale. La descente de l’Ardenne est aussi adoucie par une ample courbe.

Pendant la deuxième moitié du XIXème siècle, la ville va s’étendre au sud-est du rempart par la création du quartier du mail. L’enceinte est localement arasée et les douves sont comblées. Les matériaux servent à la construction de la maison de retraite.

Un nouvel ensemble se dessine avec l’édification d’une école face au Mail aux Belles. Les demeures s’élèvent le long de la nouvelle avenue Duret, à l’entrée de la ville en direction de Loudun, et près du pôle de développement qu’amène la création du chemin de fer et de la gare.

La ville se détourne de ses activités portuaires qui périclitaient depuis la fin du XVIIIème siècle, malgré la tentative de relance que représente la construction du port Sainte Catherine en 1860.

Le XXème siècle conforte ce déplacement de la ville vers les nouveaux quartiers industriels que sont les zones d’Europe-Champagne et de Méron, réalisées sur l’ancien site militaire américain. L’ancienne ville est plus ou moins délaissée au profit des nouveaux quartiers dont certains sont créés ex nihilo, comme celui de la Herse. L’extension urbaine s’éloigne du bourg historique pour se développer sur l’axe de Saumur.

Les conditions de desserte sont bouleversées par la réalisation d’une voie de contournement reliant Saumur et Thouars, qui évite la ville close mais enserre son faubourg.

Le lotissement des terrains de la Perruche face au rempart donne apparemment le signal d’un mouvement d’opinion amorçant la reconquête d’un équilibre accompagné d’un souci de respect et de préservation pour la richesse patrimoniale léguée par ses longues pages d’histoire.